Les bonnes questions à se poser en tant que franchisé
Par Catherine Salomon
Nous avons eu le plaisir d’accueillir Catherine Salomon, la secrétaire générale de l’IREF, la Fédération des réseaux européens de partenariats et de franchises, lors d’une conférence sur le 1er salon de la franchise. Elle est également consultante au cabinet Michel Kahn Consultants, un cabinet qui œuvre sur le marché de la franchise et du partenariat depuis de longues années et qui accompagne les entrepreneurs qui veulent se développer en réseau de franchise et de partenariat, mais aussi les franchisés qui cherchent une enseigne, un concept. Pour leurs clients, ils assurent le courtage et le recrutement.
Vous êtes consultante au cabinet Michel Kahn Consultants. Avez-vous une expérience terrain ?
Exactement. À la fois, nous sommes là en tant que Fédération pour accompagner tous les porteurs de projets qui sont sur le salon / plateforme des Rencontres Digitales, et nous pouvons les accompagner dans leur parcours, dans leurs questionnements et dans leurs interrogations avant d’intégrer un réseau de franchise, mais aussi au cabinet Michel Kahn, nous avons mis en place un protocole qui permet aux candidats qui s’interrogent de savoir quel est le bon réseau, pas le bon réseau, quelle bonne forme, quel type de commerce organisé, de forme de commerce organisée intégrée, comment est ce qu’il faut faire ? Ce protocole d’auto-évaluation commence par une introspection du candidat lui-même.
Quelles questions doit se poser un candidat franchisé ?
Acheter, vendre, ce n’est pas la même chose. Manager, gérer, ce n’est pas la même chose. Quand on devient chef d’entreprise, on n’est plus seulement acheteur, directeur des ventes, etc. On est un véritable chef d’orchestre et une petite entreprise, parce que le candidat franchisé va démarrer par un premier point de vente. Donc, le premier auto diagnostic qu’il faut faire, c’est de se poser la question « Est ce que je suis prêt à passer du statut de salarié, de cadre, au statut de chef d’entreprise, qui est une casquette tout à fait différente.
Une autre question que doit se poser le candidat franchisé : suis-je prêt à prendre des initiatives ?
Est-ce que je suis prêt tous les jours, tous les matins, à prendre une initiative, à prendre des responsabilités, à me dire « Je n’ai plus de garde-fou, c’est moi qui suis là en première ligne tous les jours, face à mes collaborateurs, face à mes clients, face à mes fournisseurs. »
Pour le candidat franchisé : est-ce que je vais savoir travailler en équipe ?
Exactement. Il va falloir être, c’est ce que je disais tout à l’heure, un manager, un DRH, mais c’est pour cela que la franchise, au sens générique du terme, est un formidable réducteur de risques. Puisque si vous avez répondu oui à toutes ces questions, vous pouvez vous dire effectivement, je suis prêt, mais si j’ai quelqu’un qui me prend par la main, qui m’accompagne, qui a bien mis au point tous les process, peut-être que je vais réduire mes risques.
Y-a-t’il d’autres questions à se poser ?
La première question est : est-ce que je suis prêt à investir une partie de mon capital, une partie de mes économies ? Parce que c’est quand même ça qui va être le moteur de la guerre. Parce qu’avant de se lancer, il faut faire le bilan, si on peut dire le bilan, de son capital, de ce qu’on est prêt à investir, parce qu’on va y embarquer à la fois soi-même, mais peut être aussi sa famille, peut être aussi embarquer son patrimoine, devoir le gager pour se lancer. Parce que c’est bien ça quand même, un entrepreneur, il met en jeu son capital, ses économies. Donc, est ce que je suis prêt à le faire ? Et est ce que je suis accompagnée dans cette aventure ?
Une fois la décision prise de se lancer en franchise, par quoi doit-on commencer ? Quel secteur ? Quel réseau ?
Alors là, c’est assez curieux comme interrogation, parce qu’effectivement, on dit que quand on est dans le commerce, on parle de commerce, bien sûr, la franchise, ça ne s’adresse pas qu’au commerce, ça s’adresse aussi aux services, à l’industrie, à l’artisanat, mais enfin, tout est commerce dans la vie. On est toujours face à un client, quel que soit son secteur d’activité, on dit qu’il ne faut pas mettre ses propres sentiments, sa propre expérience, etc. Je pense quand même néanmoins que pour s’investir et pour créer son entreprise, il faut avoir des affinités avec le secteur que l’on choisit.
Est-ce que cela veut dire que pour devenir franchisé d’une chaîne de pizza, il faut avoir été pizzaiolo ?
Pas forcément, parce que justement, les réseaux n’aiment pas trop les piliers, si on parle de cet exemple des pizzaïolos, parce que s’ils ont été indépendants, ils ont leurs process, ils ont leurs méthodes. Or, la franchise, c’est la duplication d’une méthode, d’une réussite qui a éprouvé son modèle et qui fonctionne. Les réglages ont été faits, c’est ce qu’on appelle le pilote. Mais cependant, il vaut mieux aimer la pizza. Parce que si vous n’aimez pas la pizza et que vous êtes allergique au gluten, ça va être compliqué parce que vous allez avoir du mal. Ou alors si vous êtes végane et que vous voulez ouvrir une enseigne de hamburgers ou de viande, ça va être compliqué.
Quels sont les secteurs les plus porteurs aujourd’hui ?
Aujourd’hui, il y a des secteurs qui sont extrêmement porteurs. Le retail a un tout petit peu plus de mal, quoique il y a de belles enseignes et je pense qu’il faut être sur les bons créneaux. La seconde main fonctionne bien. Le mass marketing fonctionne bien, le luxe fonctionne bien. Il ne faut pas aller sur le mauvais créneau. Après, bien sûr, le service à la personne, le service aux entreprises est un créneau extrêmement porteur. L’artisanat aussi. L’agriculture. On a de beaux concepts qui émergent dans l’agriculture. Il y a énormément de sujets et puis je crois que les Français sont très créatifs. Enfin, les Européens sont très créatifs et on a plein de concepts qui émergent. Alors, par rapport, il ne faut pas aller, il faut bien vérifier. Et ça, ce sont les secondes questions qu’il faut se poser.
Question clef que l’on doit se poser : quelle est ma capacité d’investissement ?
Il faut être réaliste. Il faut savoir effectivement quelle est sa capacité d’investissement et savoir à quoi on s’engage, parce qu’on met en jeu son patrimoine, sa famille, ses économies et il faut bien poser les jalons, bien évaluer les risques. Il faut aussi être malin, il faut s’entourer de conseils. Et là aussi, aussi bien à l’IREF, où on a des partenaires extrêmement performants dans le domaine financier, mais aussi au cabinet Michel Kahn, où on a tout un process et des méthodologies. On peut accompagner les porteurs de projets ou les candidats à la franchise pour bien évaluer la zone de risque. Et il ne faut pas franchir la ligne rouge, surtout pas. Parce qu’on met en danger sa famille. Bien souvent, on est déjà un peu mature quand on veut entreprendre ou alors très jeune, et c’est dommage de se mettre en difficulté.
Autre question dans la “Check-List” : quel franchiseur ?
Quel franchiseur ? D’abord, il faut bien étudier la tête de réseau. Comme je le disais tout à l’heure, être en adéquation, prendre des renseignements, ne pas hésiter.
Où les trouve-t-on ?
On peut les trouver à l’IREF, bien sûr, puisque nous sommes en lien avec tous les réseaux de franchise, de partenariat, de concession, etc. On est la seule fédération, c’est une chance, qui s’adresse à toutes les formes de réseaux. Vous pouvez vous adresser à notre secrétariat ou nous demander des renseignements. Nous n’acceptons au concours que nous organisons chaque année que les réseaux solides. Pourquoi ? Parce que nous sommes le seul concours référence dans le monde du commerce organisé indépendant. Notre jury est présidé par CCI France et que notre diplôme est signé par le ministère de Bruno Le Maire.
Donc forcément, nous ne pouvons pas nous fourvoyer auprès de réseaux que nous ne référençons pas. Nous leur demandons leurs DIP, leurs bilans, leurs résultats. S’il y a un point de vigilance et un point d’alerte, on va vous donner les éléments pour vous rendre vigilants. Après, bien sûr, il y a toute la veille économique que nous avons. Et ensuite, il y a bien sûr le document incontournable qui est le DIP et le contrat.
Qu’est-ce-que le DIP ?
Document d’information pré-contractuels qui est un document officiel. Vous ne pouvez pas vous engager dans un réseau, quel qu’il soit, du commerce organisé indépendant sans que la tête de réseau ne vous ait fournie son DIP, son contrat. Et si vous avez un doute, bien sûr, vous pouvez vous rapprocher de notre fédération. Nous vous donnerons des conseils ou du moins des points de vigilance où on vous orientera vers nos experts, puisque nous avons des experts en matière de propriété intellectuelle, de droit des contrats, etc, de RGPD… Toutes ces questions que vous pouvez vous poser.
Quand on pense à un réseau, on pense à une marque. Que faut-il vérifier ?
Il faut vérifier parce ce que, qu’est ce que c’est que la franchise, si on prend la franchise en termes génériques, il faut vérifier si la propriété intellectuelle de la marque a bien été protégée. Donc, il faut vérifier que la marque soit protégée, que toutes les procédures et les vérifications aient été faites et qu’effectivement, si on vous délivre le droit d’exploiter une marque, la tête de réseau soit bien en possession de toutes les protections.
À la base de la franchise, il y a le savoir-faire : de quoi s’agit-il ?
Le savoir-faire doit être écrit, décrit et protégé. Donc, il faut que le savoir-faire soit substantiel, identifié, pour que vous puissiez ensuite l’exploiter dans votre propre entreprise. Puisque qu’est ce que c’est que la franchise ? C’est le savoir-faire d’une tête de réseau qui s’agrège à votre propre entreprise qui va le dupliquer. C’est exactement ça. Mais il faut qu’il soit protégé, qu’il soit identifié. C’est très compliqué parce que chaque cas est un cas particulier. Donc, il faut se plonger dans le sujet pour essayer de voir si, effectivement, ce qui est décrit dans votre DIP, ce qui est écrit dans votre contrat est réellement un savoir-faire ou pas. Donc ça, ça demande aussi de l’expertise.
C’est très important de se lancer en étant accompagné parce que, malheureusement, on récupère de temps en temps des gens qui ont fait de mauvaises expériences. Et c’est très triste parce qu’ils ont investi beaucoup d’argent, ils se sont lancés dans une entreprise et se retrouvent un petit peu désemparés. Et parfois, on ne peut plus agir. Donc, il vaut mieux venir vers nous avant plutôt qu’après. Puisque même si la tête de réseau vous a présenté son DIP, la loi Doubin vous permet un délai de réflexion de 20 jours. Donc, vous avez eu tous les éléments, prenez le temps de la réflexion, posez vous des questions. Ce n’est pas la peine de se lancer tête baissée. Réfléchissez, posez vous. Après, une fois que vous avez pris la décision, il y a des tas de concepts formidables et allez y.
Encore une question à se poser : quel est le marché ?
Le monde de la franchise, le monde du retail, le monde du commerce, c’est un monde qui est en pleine mutation. Aujourd’hui, on a vécu des événements incroyables dans les deux ou trois dernières années. C’est un secteur extrêmement porteur. C’est, comme on le disait tout à l’heure, un réducteur de risque parce que le fait d’être dans un groupe. On réduit et on profite des expériences des uns et des autres. Cependant, il faut se poser les bonnes questions. Est ce que le marché sur lequel je vais me lancer… On en a parlé tout à l’heure, il faut avoir une appétence pour ce marché.
Je pense qu’on se sent quand même mieux dans un marché dans lequel on a une appétence. Par contre, il faut se poser la question de savoir si ce marché est durable et porteur, parce qu’on s’engage pour l’avenir. Quoique encore, peut être qu’il y a trois ans ou dix ans, on aurait dit « On ne va pas aller sur le marché du tricot. » Aujourd’hui, c’est un marché extrêmement porteur. Donc, il faut se poser la question à l’instant T, je suis où ? Qu’est-ce que je veux faire ? Quelles sont mes affinités avec ce marché ? Et est ce qu’il est durable et porteur et générateur de profit dans l’avenir ?
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